Baan Mama: l’amour des éléphants

4cc3a1b1 6bae 4e3b B5a5 8403aa53059d

Je vous l’avais indiqué dans mon précédent article, nous sommes à présent dans le sanctuaire pour éléphants Baan Mama, dans le Kanchanaburi.
D’habitude, mes articles sont tournés vers nos différentes activités. Celui ci sera différent. Je tiens à vous décrire, de manière la plus transparente et objective possible, ce qu’est Baan Mama. Ce que ce centre apporte. Pourquoi il est en péril, et comment l’aider. Tout un programme!

L’histoire de Baan Mama

Il n’y aurait pas de Baan Mama sans Brigitte. Cette Belge est arrivée sur le territoire Thaïlandais en 2012. Elle a d’abord acheté un restaurant, le Bario Latino, à Koh Samui. Elle faisait des repas mexicains.
Mais quand elle a vu qu’elle vendait plus de pizzas que de burritos, elle a changé le nom, il est donc devenu le Mama Pizza! Tout le monde l’appelait déjà « Mama », alors le nom est venu tout seul!

En 2015, suite à un cadeau, elle fait un séjour d’écovolontaire au sein d’un centre pour éléphants. C’est là que l’amour pour les éléphants est né.
Début 2016, elle vend son restaurant pour des raisons personnelles. De 2016 à 2017, elle fait des allers retour entre la Belgique et la Thaïlande pour aller dans le centre à Elephants. En 2017, le propriétaire lui propose de rester. Elle retourne donc en Belgique pour tout vendre, et rester au centre jusqu’en 2018.

Malheureusement, une fois sur place définitivement, elle se rend compte que tout n’est vraiment pas rose dans ce camp. Après avoir signalé les problèmes au propriétaire, celui ci lui demande de partir du camp.

Elle décide donc de créer une cagnotte pour l’aider à ouvrir son propre centre, en plus des économies qu’elle avait. La cagnotte fonctionne, elle ouvre son centre le 1er Décembre 2018!

La philosophie du sanctaire

Brigitte a créé son propre fonctionnement dans son centre. Ca n’a pas été simple: être une femme, qui plus est sans mari, ne permet pas de se créer facilement une renommée dans le monde des éléphants.

Sa philosophie est finalement assez simple: tout faire pour que les éléphants soient heureux, tout en faisant en sorte que tout le monde soit en sécurité. Avec des animaux de 3 tonnes, ce n’est pas chose facile par contre. Il faut donc faire des compromis.

  • En journée, les éléphants vont là où ils veulent, accompagnés de leur mahout. Ils sont attachés uniquement pendant les repas (des éléphants et de leur mahout) et la nuit (laisser un éléphant se balader seul n’est pas franchement une bonne idée).
  • La seule entorse à cette règle est pour Tami et son bébé de 2 mois. Dans la nature, un bébé contenu au milieu de la horde, soit environ une dizaine d’éléphants. Lorsqu’il n’est pas contenu, un bébé court partout, en prenant des risques. Ici, ce n’est pas possible de le laisser ainsi courir partout, et il n’y a pas de horde pour le contenir. Lui et sa mère sont donc dans un enclos. Ça crève le cœur de Brigitte, mais on voit bien que c’est nécessaire: lorsqu’ils sortent la maman pour qu’elle puisse se gratter un peu, le bébé la suit et court partout. Ils doivent être tous les 3 mahouts présents pour les contenir!! Ils sortiront donc toute la journée quand le bébé sera plus grand et plus posé, mais ça ne saurait tarder. Il commence déjà à se calmer et à comprendre ce que son mahout lui apprend.
  • Il n’y a pas de « programme » pour les touristes. Ce sera en fonction de là où iront les éléphants. Forêt, baignade… C’est au choix de l’éléphant.
  • Les éléphants ne portent pas de nacelles. Le problème des nacelles n’est pas tant le poids, ce sont les conditions des éléphants. Avec les nacelles, les éléphants ne sont pas libres de leurs mouvements, ils ont un trajet défini, qu’ils font tous les jours… Ce qui est à l’encontre de la philosophie de Brigitte. On ne fait pas travailler les éléphants.
  • Concernant les dagos, ces objets qu’utilisent les mahouts pour diriger les éléphants, ils ne sont présents qu’en cas de danger imminent. Ils semblent impressionnants, avec leur pic au bout d’un manche, mais chez Baan Mama ce n’est pas un objet de torture (contrairement à certains camps). Ils sont nécessaires en cas de problème: imaginez un éléphant qui perd les pédales et se met à courir dans tous les sens… Ce n’est pas avec la voix que vous allez l’arrêter. En une semaine à plein temps chez Brigitte, nous n’avons jamais vu un mahout frapper un éléphant avec son dago. D’ailleurs, tous les dagos sont meulés, et donc pas du tout pointus!!

Enfin bref, vous l’avez compris, chez Brigitte les éléphants sont bien traités.

Les éléphants au Baan Mama

C’est ainsi qu’à ce jour, Brigitte veille sur 4 éléphants.

Tao

58 ans, 2 tonnes 600, son mahout est Ti (Win le remplace pendant les congés) et son propriétaire est une personne retraitée. Au départ, il souhaitait vendre Tao à un autre centre. Mais voyant les conditions exemplaires du Baan Mama, il a fait marche arrière et a accepté de le louer à Brigitte afin que son éléphante vive des jours heureux!

C’est la toute première éléphante que Mama a prise sous son aile. Fin 2018, elle est arrivée après plusieurs années de travail dans un camp pour éléphant, de ceux qui utilisent des nacelles, leur donne à manger des aliments tout sauf nutritifs etc…

Elle est arrivée amaigrie. Mais au delà de son corps meurtri, son esprit l’était également. Peureuse et avec une colère farouche contre l’homme (on peut bien la comprendre), elle avait également peur de l’eau (la raison reste toujours un mystère).

Après plusieurs mois de travail, l’équipe de Baan Mama a réussit à l’apaiser. Elle se baigne même dans la rivière Kwaï à présent!! C’est devenu la plus douce des éléphantes du camp. Elle fait toujours très attention à ne pas nous attraper la main quand on lui donne des fruits ou des boulettes de riz au manioc.

Douille Douille et Tami

Tami: 21 ans, 3 Tonnes 200, son mahout est Pan, qui est également son propriétaire et celui de Douille Douille.
Douille douille: 24 ans, 3 Tonnes 600, son mahout est Chai (et donc frère de Pan).

Le père de Chai et Pan avait une vieille éléphante, qui allait bientôt mourir. Il a décidé d’en acheter une autre à la mort de cette dernière. C’était Douille Douille. Pan s’en ai occupé, et a fait son éducation.

2 ans plus tard, le père de Chai décide d’en acheter une autre, afin que chacun des fils ai un éléphant. C’est ainsi que Tami est arrivé dans la famille. Pan ayant plus d’expérience dans l’éducation que Chai, il prend en charge Tami et laisse donc Douille Douille à son frère Chai.

Pan va travailler des années afin de rembourser l’achat des éléphants à son père. C’est ainsi qu’il est devenu officiellement le propriétaire de Douille Douille et Tami.

Tami a eu un bébé: Chiang Rai. En Février 2019, Brigitte cherche d’autres éléphants. Suite à une annonce, Pan lui réponds et lui propose Chiang Rai, qui a 2 ans à l’époque. Malgré sa volonté d’avoir des éléphants agés, Brigitte l’accepte.
Elle propose de suite à Pan de prendre également Tami et Douille Douille, mais Pan refuse, car il les fait travailler dans des camps à nacelle.
En Février 2020, Pan change d’avis. En effet, le Covid arrivant par la Chine, qui sont les premiers clients des camps à nacelle, Pan n’avait plus de travail, ni pour lui, ni pour ses éléphants. Brigitte va accepter de les prendre toutes les deux. Elle a encore des clients à ce moment là, et ne pensait pas que l’impact du Covid serait si fort (comme tout le monde)!

Elle a donc en Février 2019 4 éléphants: Tao, Chiang Rai, Douille Douille et Tami.

Chuchai

2 mois, 110Kg, il est le fils de Tami.

Lorsque Tami est arrivée en Février 2019, elle était enceinte. Une éléphante a une période de gestation entre 20 et 24 mois. C’est ainsi que Chuchai est né en Février 2021.

En Mars 2021, Pan (le propriétaire de Douille Douille et Tami, et donc également de Chiang Rai et Chuchai), va décider de revendre Chiang Rai à un temple. En effet, Chiang Rai a 4 ans et Chuchai venait de naître.
Même avec son frère, s’occuper et éduquer 2 éléphants adultes, un adolescent et un bébé devenait ingérable.
Le Covid arrivant également, il n’était pas possible d’engager un mahout supplémentaire pour s’en occuper.

C’est ainsi qu’au jour où j’écris ces lignes, 4 éléphants compose la famille Baan Mama: Tao (la Mamie), Douille Douille, Tami (la Maman) et Chuchai (le Bébé).

Baan Mama est en péril

Quand on pense Covid-19, on pense maladie. Les éléphants ne tombent pas malade du Covid.
On pense ensuite population. Triste constat depuis notre arrivée en Thaïlande que de voir les rues désertes, beaucoup de boutiques fermées. Par extension, on comprend que le Covid peut toucher les éléphants.

Alors vous allez me dire, oui bien sûr, par manque de touristes, Baan mama peut fermer, mais les éléphants iront ailleurs.
Justement.

Que se passerait-il si Baan Mama devait fermer?

La fermeture de Baan Mama ne serait donc pas seulement un projet d’une vie qui s’effondre pour Brigitte. Ce serait des animaux de retour au travail, parfois maltraités, affamés ou enchaînés quasiment toute la journée.
Ils ne seront jamais plus heureux que chez Brigitte.

Je ne veux pas faire pleurer dans les chaumières, c’est franchement pas mon genre. Par contre, je suis honnête. Et clairement la fermeture de Baan Mama ne pourrait être qu’une mauvaise nouvelle pour les éléphants.

Etat de la situation

Brigitte fait tout pour dépenser un minimum. Le personnel a été restreint. Les réparations sur le terrain ne sont faites qu’en cas de nécessité. Même les mahouts restants ont accepté de baisser leur salaire pour pouvoir continuer de travailler avec elle, et le propriétaire du terrain a fini par accepter de baisser le loyer.

Mais aucune restriction n’est faite concernant le bonheur des éléphants. Ils sont toujours autant nourris. Il sont toujours autorisés à divaguer dans le terrain la journée, au gré de leurs envies.

Grâce aux dépenses restreintes, mais également au soutien de donateurs, Baan Mama survit. Mais pour combien de temps? Il ne lui reste plus énormément de trésorerie, à peine un mois. Il ne faut pas oublier que le centre est jeune, à peine plus de 2 ans, dont un an sous Covid!! Elle n’avait donc pas énormément d’économie quand la pandémie est arrivée. Et même en mode survie, il lui faut dépenser près de 4280€ par mois!
Si vous voulez le détail de ses dépenses, elle l’indique de manière très transparente ICI.

Aider Baan Mama à passer le cap

Je ne diffuse jamais d’appel à l’aide, de cagnottes ou autres de ce type. J’estime que chacun est capable d’aller se balader sur les sites de cagnottes ou de contacter les associations s’il a envie de donner.

Mais cette fois ci, c’est différent. On est dans le centre. On les voit, ces éléphants, l’amour que Brigitte leur porte, la bataille qu’elle mène maintenant depuis plus d’un an pour que son centre survit. Pour que ses éléphants continuent d’être bien.

Alors je me dois de vous partager les solutions pour l’aider dans cette guerre.

  • Si vous êtes en Thaïlande, allez la voir. Une nuit, 2 nuits, en volontariat… Tout peut l’aider. En plus de la soutenir financièrement par le paiement de vos nuits, elle sera heureuse de pouvoir partager avec vous sa passion.
  • Si vous êtes loin, elle a une cagnotte sur Leetchie ICI. Comme elle le dit souvent, si toutes les personnes qui suivent son compte Facebook (soit plus de 3000 personnes) donnaient 2€ par mois, elle arriverait largement à survivre pendant toute la pandémie!! 2€!!
    2€-5€-10€-20€ ou plus, tout peut l’aider à tenir pendant cette crise. Et je vous le certifie, cet argent servira réellement aux éléphants.

On vous sera très reconnaissants de votre aide. Hésitez pas à indiquer que vous venez de la part du Crapaud Voyageur!

Dans le prochain article, j’essayerai faire un vrai/faux sur les éléphants pour vous donner un max d’infos sur ces doux géants.

A bientôt!

8 commentaires

  1. Bravo Cathy. On avait aussi été dans un sanctuaire au Nord de Chang Mai. C’est fabuleux de jouer avec les éléphants libérés de leurs chaines et des travaux forcés. Bonne continuation à vous.

  2. Bonjour ! On était en Thaïlande en novembre 2019, on espérait aller au Baan Mama mais il n’y avait plus de place. C’était une autre époque. Merci d’en parler, on a contribué à la cagnotte. Notre prochain voyage en Thaïlande n’est pas prévu tout de suite, mais on espère qu’on pourra cette fois rendre visite à Mama et aux éléphants.

    1. Merci beaucoup pour votre participation !! Je suis sure qu’elle vous accueillera avec grand plaisir. Je ne peux croire que ce paradis ne résiste pas!!

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Résoudre : *
6 + 12 =